L’Histoire de Šīrēn dont l’original, aujourd’hui perdu, a été rédigée en syriaque probablement dans les années 560 ou 570. Il est désormais conservé en grec sous une forme abrégée, unique récit qui nous reste de cette hagiographie. Ce manuscrit où se trouve conservée la Passion grecque de Šīrēn (BHG 1637), le ms. Laurentianus IX 14, fut introduit à Florence en 1631 et décrit par A. M. Bandinius et plus récemment par P. Devos en 1946. Ce recueil manuscrit est un ménologe du mois de mai copié initialement à la laure des Stoudites de Constantinople vers la fin du Xe-début du XIe siècle. L’histoire de Šīrēn est insérée à la date du 18 mai, fol. 2r-18v.
On a pu parler d’« une passion syriaque en habit grec ». Le texte a été transmis en grec à une époque un peu postérieure à sa rédaction originale, sous le règne de Husraw II (590-628). Ce texte a été traduit et présenté dans deux articles rédigés par les soins de Paul Devos dans les Analecta Bollandiana, l’un paru en 1946 et étoffé près de cinquante années plus tard en 1994. On a pu souligner la maîtrise des informations avancées par l’hagiographe sur le milieu socio-religieux de son époque, et sa connaissance du clergé de la ville de Karkā d-Bēth-Slokh, ville d’origine de la martyre mise à mort en 559.
Jean Maurice Fiey avait proposé d’identifier parmi les témoins de son exécution le rédacteur de cette hagiographe lui-même, un homme habitant de Karkā d-Bēth-Slokh, ville de la martyre, du nom de Bar Sahdé, auteur d’une histoire ecclésiastique aujourd’hui perdue (Fiey, J. M., « Vers la réhabilitation de l’Histoire de Karka d’Bét Sloḫ », AnBoll 82, 1964, p. 219-221). Des éléments internes, en particulier le nom de l’évêque de Karkā, Jean, permettent de reporter précisément la rédaction aux années 570. Le biographe dit avoir connu Šīrēn et ceux qui l’ont baptisée dont il tait cependant l’identité « à cause de la situation présente » (§ 16), allusion, selon P. Devos, à la reprise des hostilités entre la Perse et Byzance en 572.